En Réponse au Figaro, Oui le pain au chocolat et la chocolatine ont une histoire 22 juillet de 2018
Ce matin mon cousin me fait parvenir l’article paru dans le Figaro (Madame Figaro) intitulé Doit-on dire pain au chocolat ou chocolatine ? Quelle ne fut pas ma surprise en lisant ce passage de l’article :
À la différence de viennoiseries comme la brioche ou le pain aux raisins, l’histoire de la chocolatine est très peu connue et n’a pas d'ailleurs pas d'intérêt historique majeur. « Il n’y a pas de date à laquelle situer le premier pain au chocolat », nous explique Dominique Anract, président du Syndicat des boulangers-pâtissiers du Grand Paris. « S’il fait bien entendu partie intégrante des codes et usages de la viennoiserie française, il s’agit d’une simple déclinaison du croissant »
Monsieur Anract c’est mal connaître l’histoire de la pâtisserie pour prétendre pareille chose ! Voilà ce qu'il est de l'histoire du pain au chocolat et de la chocolatine Lire la suite …D’abord, analysons le terme pain ou petits pains. En pâtisserie, il est utilisé au cours du XIX pour désigner un biscuit. La raison vient de l’origine du biscuit qui fut appelé pain biscuit et qui était cuit deux fois. En France, le biscuit est devenu gâteau alors qu’en Italie ou en Angleterre il est resté quelque chose de craquant. Donc Pain aurait été choisi pour désigner ce produit un peu plus dur que le sablé et qui peut faire penser au Croquet ou au Biscotto italien. Ainsi dans la cuisine classique d’Urbain Dubois, on peut lire Pain de Nantes, petits pains à l’anis, petit pain au beurre, petits pains pour le thé… Dans la cuisine du Haut-Rhin de Marguerite Spoerlin, 1829, on trouve une recette de pain au chocolat qui n’est autre qu’un biscuit au chocolat. Plus tard vers 1864 on trouve une purée de pain au chocolat qui n’est autre qu’une espèce de panade réalisée avec du pain viennois dans laquelle on ajoute du chocolat. Vers la fin du XIXe siècle, le pain au chocolat est cité comme un entremets. La recette est d’ailleurs donnée plus tard en 1904 dans le journal du dimanche. Ce pain au chocolat ressemble à un pudding ou encore à une crème renversée sans caramel, mais au chocolat. Vers 1921 dans le journal Le Matin, cette fois le pain et le chocolat sont associés pour la première fois. On apprend que le pain et le chocolat sont une pratique écolière. Il est écrit :
Au lieu de manger selon la vieille tradition écolière, du pain et du chocolat, n’est-il pas plus succulent de préparer un pain au chocolat ? On prend un petit pain bien doré, dont on retire la mie. On le beurre et on le met dans le four jusqu’à ce que le beurre soit fondu. Pendant ce temps on amollit au feu une tablette de chocolat. Quand elle est à point, on la glisse dans le petit pain que l’on sert encore chaud.
C’est en 1933 que le pain au chocolat apparaît pour la première fois dans un livre de boulangerie. La boulangerie moderne de Félix Dubois fils d’Urbain Dubois où le pain au chocolat est un pain au lait garni une barre de chocolat (le pain est cuit avec la barre de chocolat). Dans ce même livre, on indique que pour des raisons pratiques, on peut utiliser la pâte à croissant pour réaliser le pain au chocolat.
Quant à la chocolatine, le mot chocolatine apparaît pour la première fois dans le journal de débats le 21 décembre 1868. La Maison du chocolat Perron rue Vivienne à Paris parle de la vente de ses chocolatines dont on suppose que ce sont de petits chocolats. En 1887 le 21 août très exactement, il est indiqué dans le Panthéon de l’industrie que Julien Lavaur a créé différentes liqueurs dont la chocolatine une liqueur au chocolat. Plus étonnant, la chocolatine de quinine qui servait à administrer la quinine aux enfants en Algérie durant les années 1900-1930 pour lutter contre le paludisme (réf : la pédiatrie pratique 1935) Chocolatine semble désigné une forme davantage que le produit d’après ce que j’en comprends de la lecture. Cela semble bien le cas puisqu’en 1894 Émile Hérisse dans son traité de confiserie parle de Chocolatine comme des pastilles. Durant cette même période du début du XXe siècle Henri-Paul Pellaprat parle d’un gâteau intitulé Chocolatine dont il est probablement l’auteur. Le Figaro de 1924 fait la mention de la chocolatine des délices dans la rubrique Five O’clock. Dans le journal L’Ouest-éclair de 1930, on parle de la Chocolatine à la Carnavalet dont l’inventeur de ce dessert serait la marquise de Sévigné. Là encore la chocolatine est une préparation cuite au four au bain-marie. Ce qui laisse penser que l’auteur Henri Bibert ait raison, que cela soit une très vieille recette est fait de l’ajout de macarons pilés est une pratique courante au XVIIe siècle. Rappelons, tout de même, que chocolatine est la marque d’un cacao en poudre dans l’Angleterre du XIXe siècle.
Comment pain au chocolat est-il devenu chocolatine ? Cela reste mystérieux. Sans doute une déformation du langage puisque chocolatine a souvent désigné différents produits au chocolat. Refermer l'article